Jour 1: rĂ©veil 4h, cela fait bien une heure que nous ne dormons plus tout Ă fait, l’excitation – ou l’apprĂ©hension – du dĂ©part ? Nous voilĂ dehors dans les rues de Cuzco. Nous pensions traverser une ville endormie, que nenni, des tas de touristes dans les rues prĂȘts Ă partir pour leur excursion, cette ville de Cuzco est Ă©tonnante.
Nous rejoignons le groupe, montons dans le van, tentons de dormir sur le chemin qui mĂšne au point de dĂ©part du Salkantay trek. 4h30 plus tard, aprĂšs une route mouvementĂ©e, nous y sommes. Le dĂ©but du trek nous attend ! Devant nous, l’immense sommet enneigĂ© du Humantay apparaĂźt avec ses 4200 mĂštres d’altitude, alors que nous sommes à « seulement » 3200 mĂštres. Nos guides font les prĂ©sentations, nous sommes deux groupes d’une douzaine de personnes qui finiront par voyager tous ensemble. La taille du groupe n’est pas gĂȘnante, c’est mĂȘme plutĂŽt sympathique. La diversitĂ© des nationalitĂ©s prĂ©sentes est impressionnante: slovĂšnes, allemands, nĂ©erlandais, brĂ©siliens, amĂ©ricains, anglais, belges…. Les guides font tout pour crĂ©er une cohĂ©sion de groupe et ça fonctionne bien !
La premiĂšre Ă©tape du trek est la lagune de Humantay. Dans un cadre superbe, la marche commence doucement, il faut dire que nous avons devant nous deux heures de montĂ©e avec un dĂ©nivelĂ© de 300 mĂštres, ce qui reste raisonnable ! Ăa ne nous empĂȘche pas d’arriver bien essoufflĂ©s lĂ -haut ! Et lĂ haut quel spectacle, la lagune Ă©meraude resplendit avec au fond des filets de cascades qui descendent directement des glaciers. A notre arrivĂ©e, les sommets sont embrumĂ©s mais ils ne tardent pas Ă se dĂ©gager, rĂ©vĂ©lant les centaines de mĂštres de dĂ©nivelĂ© du sommet de l’Humantay. Pas de doute, ça valait le coup de monter jusqu’ici. Pour cette altitude, la faune est Ă©tonnamment riche, une particularitĂ© pĂ©ruvienne selon notre guide. Tout autour de la lagune se massent des fleurs bleues jaunes et blanches, qui rendent le lieu encore plus enchanteur.
Puis nous redescendons ! C’est Ă moment que nous nous rendons compte qu’il y a un autre couple de français, Ben et Marine, dans le groupe. Cela fait prĂšs de quatre ans qu’ils voyagent et travaillent. En effet, ĂȘtre traducteur est un mĂ©tier qui peut ĂȘtre tout Ă fait nomade. Cette vie doit ĂȘtre incroyable, mais nous nous disons que nos proches et le vin finiront par dĂ©finitivement nous manquer ! Nous descendons donc puis remontons quelque peu dans la vallĂ©e, oĂč se trouve notre lieu de camp pour cette premiĂšre nuit. Il est 14h et nous sommes impatients de dĂ©jeuner. La bonne surprise est que le lieu dispose d’une vraie salle fermĂ©e pour s’asseoir et dĂ©jeuner tous ensemble en face dâun panorama sur les montagnes. Le dĂ©jeuner est dĂ©licieux, nous sommes ravis… mais aussi trĂšs fatiguĂ©s ! La marche, l’altitude et le lever Ă 4h commence Ă se faire ressentir. DĂšs la fin du dĂ©jeuner nous ne rĂȘvons que de rejoindre nos pĂ©nates ! D’autant plus que nous avons rĂ©servĂ© notre nuit dans des petits dĂŽmes de verre, pleine vue sur la vallĂ©e et le mont Salkantay. Nous nâallons pas se mentir, c’est vraiment grandiose d’ĂȘtre dans cette petite bulle suspendue. Devant nous une vallĂ©e verdoyante oĂč s’Ă©coule doucement un cours d’eau et oĂč broutent tranquillement les chevaux. De notre bulle, aprĂšs un petit dodo, Sixtine observe des Andean Caracara planer dans la vallĂ©e, et bien trop vite le soleil se couche sur le mont Salkantay.
Jour 2, c’est parti ! LevĂ© 5h, nous commençons la journĂ©e dites la plus Ă©prouvante, notamment Ă cause de l’altitude, nous allons atteindre les 4600 mĂštres. Nous commençons la marche au petit jour, en remontant la vallĂ©e vers le col du Salkantay. AprĂšs une montĂ©e douce nous arrivons devant le « gringo killer ». Justement nommĂ©e, une belle sĂ©rie de lacets nous attend. La vue est toujours superbe, la vallĂ©e surplombĂ©e par le majestueux sommet enneigĂ© du Salkantay. Sur le sentier nous croisons plusieurs petits groupes de mules accompagnĂ©s de leur muletiers, il faut faire attention quand ils arrivent car les mules passent Ă toute vitesse sans trop se prĂ©occuper de votre prĂ©sence !
En haut du « gringo killer », il nous reste Ă traverser une belle plaine et Ă monter encore un peu jusqu’au col ! Niveau mal des montagnes tout le monde n’est pas Ă©gaux, Nicolas peine un peu. DifficultĂ©s Ă respirer, vertiges… on essaie de pallier en mĂąchant des feuilles de coca pas vraiment dĂ©licieuses ! Cette astuce expliquĂ©e par les guides permet dâattĂ©nuer les maux de tĂȘte causĂ©s par lâaltitude. Pas Ă pas, nous parvenons Ă atteindre le majestueux point de vue ! La roche, les sommets enneigĂ©s nous entourent, c’est superbe !
Nos guides nous emmĂšnent ensuite Ă travers un amas de grosses roches jusqu’Ă ce qu’apparaisse une belle lagune bleue turquoise au milieu de ce paysage rocheux. Angel et Virgilio, nos guides, commencent Ă nous expliquer l’aspect symbolique et sacrĂ© des montagnes, appelĂ© « Apu », une sorte d’ĂȘtre protecteur. Ainsi Ă chaque expĂ©dition ils font un petit rituel pour remercier la montagne et faire un nouveau vĆu.
Il nous reste encore deux heures de marche avant d’atteindre le lieu du dĂ©jeuner. Une belle descente dans une nouvelle vallĂ©e. Il nây a pas Ă dire, aujourd’hui nous en avons encore plein les yeux ! Nous ne sommes cependant pas mĂ©contents de dĂ©jeuner aprĂšs tous ces efforts. La pause est plutĂŽt de courte durĂ©e, nous avons encore trois heures de descente avant notre camp. C’est donc bien fatiguĂ©s mais ravis que nous atteignons nos petites cahutes pointues. La soirĂ©e est trĂšs sympathique, accompagnĂ©e d’une bouteille de rhum et d’un jeu de cartes, nous jouons tous ensemble.
Jour 3. Ce fut la journĂ©e la moins intĂ©ressante du trek. LevĂ© 5h comme d’habitude nous marchons le long du cours d’eau de la vallĂ©e. Il s’agit d’une piste oĂč des vans ou motos passent de temps en temps. Le paysage sera assez monotone tout le long. Cependant c’est l’occasion de discuter un peu plus avec nos compagnons de marche comme Lucy, une photographe anglaise qui nous parlera longuement de son travail ou encore Ine et Steven, un pĂšre et sa fille belges flamands assez perplexes face au fonctionnement de leur gouvernement. Nous observons aussi les plantations pĂ©ruviennes sur le flanc des montagnes jusqu’Ă 70 degrĂ©s de pente. Il faut ĂȘtre sacrĂ©ment sportif ! Le guide nous explique qu’ainsi ils peuvent cultiver diffĂ©rentes variĂ©tĂ©s en fonction de l’altitude. Sixtine peine Ă marcher jusqu’au bout et est bien contente lorsqu’un van vient nous rĂ©cupĂ©rer pour nous amener Ă notre nouveau campement. L’aprĂšs-midi sera bien plus dĂ©tendu, nous allons Ă des sources d’eau chaude naturelles dans un bassin Ă 38°, nous dĂ©tendons enfin un peu nos muscles endoloris !
Jour 4. Certainement la plus grosse journĂ©e de ce trek mais une fois de plus le programme s’annonce splendide. LevĂ© 5h encore une fois, nous commençons directement Ă monter sur 700 mĂštres de dĂ©nivelĂ© pour bien se rĂ©veiller. La pente se fait au fur et Ă mesure au milieu des nuages. Le sentier est magnifique et calme. Le groupe sâĂ©tale rapidement en fonction du rythme de chacun, nous croisons toutes sortes de fleurs, d’oiseaux sauvages⊠et domestiques: dindons et poules se promĂšnent un peu partout. Peu Ă peu notre versant commence Ă se dĂ©gager laissant apparaĂźtre les montagnes prises dans les nuages.
Au sommet de cette montĂ©e sportive nous attend notre premiĂšre vue sur le Machu Picchu. L’arrivĂ©e est un peu théùtrale, une plaine verte qui laisse apparaĂźtre Ă mesure qu’on avance l’Ă©tendue du spectacle. Une large vue sur une sĂ©rie de montagnes vertes et rocheuses. Au centre nous apercevons au loin des terrasses: c’est le Machu Picchu ! Les nuages vont et viennent le faisant apparaitre et disparaitre. Les montagnes majestueuses l’entourent. Nous comprenons pourquoi le Machu Picchu a Ă©tĂ© construit lĂ : il est bien entourĂ© de ses « Apu », les montagnes protectrices. Nous nous reposons quelque temps sur cette plaine splendide. Chien, mules, chat, poulet se promĂšnent Ă la recherche d’un petit bout de gĂąteau ou d’une caresse. Les chiens au PĂ©rou sont plutĂŽt de grand gabarit et trĂšs affectueux (pas tout Ă fait comme les chiens fous d’Ayutthaya en ThaĂŻlande).
A prĂ©sent c’est la grosse descente qui nous attend, pas moins de 1000 mĂštres… Sixtine apprĂ©hende un peu car elle a dĂ©jĂ bien mal aux genoux ! Avec un peu de peine et bien du courage nous atteignons enfin le cours d’eau. Nous traversons un pont suspendu et nous reposons Ă l’ombre avec les papillons.
Pourtant la marche est loin d’ĂȘtre terminĂ©e. AprĂšs un dĂ©jeuner Ă Hydroelectrica, nous longeons les rails du train jusqu’Ă Aguas Calientes, le village au pied du Machu Picchu. Ce joli chemin, interrompu parfois par le train qui passe, longe le cours d’eau agitĂ© du rio Urubamba. Pas moins de trois heures et demie plus tard, nous atteignons bien Ă©puisĂ©s notre destination ! En rĂ©compense, le fameux cocktail local Pisco Sour pour tout le monde !
Jour 5, le jour du Machu Picchu ! Au vu de l’Ă©tat des genoux de Sixtine, nous dĂ©cidons de prendre l’option confortable pour atteindre la citĂ© suspendue: le bus. Il s’agit en plus d’une montĂ©e raide d’une heure sans grand intĂ©rĂȘt. Nous sommes devant l’entrĂ©e aux alentours de 6h et complĂštement dans les nuages. Le guide nous amĂšne au dĂ©but du parcours, tout en haut au point de vue principal. Nous ne voyons qu’un Ă©pais nuage blanc.
Il faut maintenant prendre patience et attendre qu’il se dĂ©couvre. le Machu Picchu ça se mĂ©rite ! Ă cĂŽtĂ© de nous des lamas sont installĂ©s, mĂąchant imperturbablement. Doucement, tout doucement, les ruines apparaissent au fur et Ă mesure. Et voilĂ la cĂ©lĂšbre carte postale du Machu Picchu. Malheureusement les ruines ne sont pas encore tout Ă fait dĂ©couvertes qu’il faut dĂ©jĂ y aller !
Nous commençons le circuit, admirant ces blocs de pierre monumentaux, polis et taillĂ©s au millimĂštre prĂšs pour s’emboĂźter parfaitement avec le reste. Nous observons aussi toute sorte d’excroissance dans les pierres qui sont censĂ©es rĂ©vĂ©ler, grĂące Ă un jeu d’ombre, des formes symboliques Ă des moments prĂ©cis du calendrier astronomique. Le Machu Picchu nâest pas si grand et un peu trop rapidement le circuit se termine. Pas question de revenir sur ses pas, c’est strictement interdit… nous nâavons pas vraiment le temps ni le droit de flĂąner au Machu Picchu… victime de son succĂšs !
Nous redescendons, il est temps pour nous de quitter nos compagnons de randonnĂ©e ! Nous prenons le train pour Ollantaytambo, Ă environ 1h30 du Machu Picchu dans la vallĂ©e sacrĂ©e. Depuis les rails la vallĂ©e dĂ©file, câest superbe.






































































