C’est avec un petit pincement au cœur que nous quittons la belle Cusco ! L’aventure continue pour nous, nous nous dirigeons vers le célèbre lac Titicaca, le plus haut lac navigable du monde avec ses 3900 mètres d’altitude ! Il faut parler en premier lieu de la magnifique route que nous avons fait en bus pour l’atteindre, 7h de route tout de même. Les photos parlent d’elles même, des plaines dorées, quelques pic rocheux voir enneigés et des lamas et alpagas qui paîtrent tranquillement le long d’un cours d’eau. Dans de telles conditions le temps passe rapidement ! Nous avons aussi pu voir un peu mieux à quoi ressemble la campagne de cette partie du Pérou, l’exploitation des champs, le bétail… un peu partout vous croisez vache, cochons, moutons… accrochés à une corde, occupés à déblayer un petit bout de terrain.
En fin de journée nous atteignons Puno, une ville toute de brique avec ses habitations pour beaucoup non terminées. Puno est authentique, pas vraiment touristique c’est plutôt le point de départ pour visiter le lac Titicaca et ses alentours. A la sortie du bus nous décidons de marcher jusqu’à notre hôtel pour se dégourdir un peu les jambes. Ce fut une bonne idée, nous tombons en plein milieu d’un grand marché. Authentique de chez authentique, nous touchons un peu mieux la vraie vie des péruviens. Nous avons souvent une image un peu stéréotypé d’une péruvienne avec ses nattes rassemblées dans le dos, son chapeau un peu haut de forme, une broderie croisée sur la poitrine, une lourde et volumineuse jupe et ses grosses chaussettes coincée dans des sandales… nous pouvons maintenant le dire, ce n’est pas un mythe ! De Cusco à Puno c’est en effet la tenue de tous les jours de beaucoup de péruviennes ! D’une manière générale nous sentons les péruvien très fiers de leur traditions et de leur savoir-faire.
Après une bonne nuit, nous voilà matinalement sur le départ pour l’île Taquile où nous passerons les deux prochaines nuits. Chaque bateau se rendant à Taquile fait un stop aux Îles Uros que nous avons ainsi eu l’occasion de découvrir. Uros n’est pas une île classique, si vous allez sur Google Maps par exemple vous ne trouverez d’ailleurs que des points au milieu de l’eau. Les îles Uros sont des îlots flottants, construits de toute pièce par l’homme à l’aide de la « totora », une sorte de roseau (il y en a 89 sortes en tout). Installées dans cette zone où pousse le totora, les premières îles furent construites par les Uros au XIIIe siècle alors qu’ils tentaient d’échapper aux Incas. Au début, l’assemblage du totora n’était pas très stable mais en en rajoutant au fur et à mesure des années la base commence à s’agglomérer créant ainsi un sol très stable. Il faut savoir qu’aujourd’hui il n’y a plus d’Uros sur les îles depuis les années 50, ce sont maintenant les Indiens Aymaras qui les exploitent. Le totora ne sert pas qu’au sol, mais aussi aux habitations et embarcations… en forme de canard. Dernièrement les îles se sont essentiellement tournées vers le tourisme, certains disent que c’est devenu une sorte de Disneyland… il est vrai que le lieu a perdu de son authenticité.
Nous voilà maintenant arrivés à Taquile. On nous dépose au port nord, ce qui fait qu’une bonne demie heure de montée et descente nous attend avant de pouvoir poser bagages. Cependant déjà l’esprit de l’île nous séduit, un endroit calme, des collines arides sur le fond bleu profond du lac Titicaca. Sur Taquile, il n’y a aucune voiture, les déplacements se font tous à pied le long d’un chemin pavé à flanc de colline, c’est calme. Nous finissons par croiser Huata, notre hôte pour les deux nuits à venir qui nous amène à travers les chemins jusqu’à sa jolie maison. Notre chambre donne sur une petite cour, elle est simple, propre et ensoleillée. Nous nous familiarisons avec les lieux et avec Luna, le petit chaton de la maison.
Ces presque trois jours sur Taquile seront un moment au calme sur une île paisible qui semble coupée du monde, mais aussi une immersion dans la vie locale de l’île, son fonctionnement, sa communauté. Nous apprenons beaucoup de choses grâce à Huata, notre hôte. Sa famille vit sur l’île depuis des générations. Lors de la conquête espagnole, le général Taquile qui donna le nom à l’île, chercha à développer l’agriculture sur ce petit bout de terre. Pour cela, la main d’œuvre locale ne suffisait pas, il a donc fait venir des familles de plusieurs autres villages bordant le lac. C’est de ce mélange qu’est issue la famille de Huata et de Juana sa femme.
Sur l’île la première langue est le Quechua, c’est la langue parlée dans le cercle familial et dans la rue. L’espagnol est enseigné à l’école. Il y a 5 communautés, Huata est cette année le représentant de la sienne. Le dimanche ils se retrouvent pour redistribuer les bénéfices récoltés grâce aux tickets d’entrée des touristes sur l’île. Ils mettent de côté les travaux de l’île et distribuent le reste en fonction des besoins de chacun. Le fonctionnement semble paisible et prospère. Après la réunion dominicale, chaque représentant sort accompagné de son épouse, et tout le monde rentre dans la chapelle de la place du village pour une « messe ». Il n’y a pas de prêtre sur l’île alors il s’agit surtout de lire quelques textes et de prier. C’est assez étrange car leur culture est très imprégnée des rites anciens, Incas, Huata nous explique que sa famille a une religion mixte: catholique d’une part et ancestrale de l’autre, issue des Incas, prodiguant un culte à la « Pachamama », la terre mère en Quechua. Ainsi la vie spirituelle sur Taquile est un mélange assez unique.
La vie est très simple sur Taquile. Il y a un restaurant géré par la communauté qui sert un plat unique, quelques échoppes et c’est tout. Si quelques-uns vivent du tourisme (la plupart du temps les touristes ne viennent passer qu’une journée), les autres ont leur activité essentiellement tournées autour de l’agriculture: quinoa et pomme de terre sont la base alimentaire d’un habitant de Taquile.
Sur l’île, les habitants portent presque tous l’habit traditionnel. Huata nous explique chacune de leur tenue. Les ceintures sont importantes notamment dans les couples mariés vu qu’elles symbolisent le lien, ce que nous symbolisons par l’alliance. Les bonnets sont des emblèmes de statut matrimonial, si la partie supérieure du bonnet est blanche c’est que le jeune homme est célibataire, mais aussi un emblème de pouvoir, ceux qui sont multicolores sont réservés aux chefs des communes. Huata nous explique des tas d’autres petites choses sur l’île comme lorsque deux Taquiliens disent bonjour, ils échangent des feuilles de coca, ou encore que seules les femmes tissent et que les hommes eux, tricotent.
Vous l’aurez compris, Huata nous a pleinement invité dans la culture de son île. Le soir nous dinons chez lui, il n’y a pas de restaurant ouvert après 14h ici.
L’île n’est pas très grande, mais ça monte et ça descend ! Nous arpentons les chemins d’un bout à l’autre, découvrant de merveilleux points de vue tout le long. L’île est très paisible, nous ne croisons quasiment personne sur ces chemins, si ce n’est des troupeaux de moutons, avec toujours le lac en arrière plan.































