Par où commencer ? Nous n’allons pas vous mentir, ces derniers mois nous avons vu beaucoup d’endroits incroyables, mais il faut donner au Sud Lipez une place toute particulière. Nous avons été subjugués par ces kilomètres et kilomètres de paysages à couper le souffle, ces couleurs, ces monts lunaires, ces lagunes solitaires et toutes cette faune qui a émerveillé notre parcours.
Alors par où commencer ? Tout d’abord nous avons failli rater notre arrêt après cette longue nuit dans notre bus depuis La Paz, direction Tupiza. Il allait continuer son chemin quand on a entendu crier des péruviennes qui elles aussi ne s’étaient pas réveillées ! C’est donc encore endormis que nous nous retrouvons sur le trottoir de la gare routière de Tupiza, au sud de la Bolivie. Il est 6h30 du matin et nous nous dirigeons vers un hôtel qui est recommandé pour accueillir des voyageurs dès l’aube. La réputation est au rendez-vous, nous nous recouchons bienheureux dans notre chambre une heure après. Tupiza est une petite ville calme qui ne présente pas beaucoup d’intérêt, si ce n’est une jolie place centrale. Après un rapide tour nous retournons à notre chambre pour nous reposer le reste de la journée, car le lendemain c’est le départ : nous partons pour 4 jours en 4×4 à travers le sud Lipez et vers le Salar d’Uyuni.
C’est au petit matin que nous découvrons notre équipe: notre chauffeur et guide, Nicodema, appelé Nico (ça va être pratique), Maria notre cuisinière et deux françaises, Mélissa et Pauline, que nous avions, à vrai dire, rencontrées dans le bus de nuit ! Toutes les deux sont infirmières, l’une avec une grand-mère espagnole, vivant à Montpellier et l’autre venant de Nicolas de Redon tout près du fief familial Crosnier. Le monde est petit (et rempli de bretons !). Dès le début l’ambiance est très bonne et le sera tout le long du trajet ! Nous avons passé de supers moments ensemble à rigoler autour d’une tasse de chocolat chaud et à chanter du Céline Dion au milieu du désert (merci la playlist enflammée de Melissa).
Nous prenons tranquillement la route, à peine sortie de Tupiza, nous sommes plongés dans une nature aride aux petits airs de far west. Sec, une terre ocre un peu orangée et des cactus. Nous commençons à monter et l’aiguille de la température du moteur aussi… un peu trop vite ! Nous nous arrêtons, une fois, puis deux, puis trois, le verdict tombe… nous ne pouvons pas partir comme ça. Retour à Tupiza, notre chauffeur à bon espoir de changer la pièce défectueuse. Nous croisons les doigts car si ça ne marche pas il n’y a pas d’autre voiture disponible pour partir aujourd’hui. Nous nous retrouvons donc tous les quatre dans ce garage de fortune qui est en réalité la maison du beau-frère. Après un déjeuner dans la maison familiale, Nico le chauffeur nous annonce que c’est bon nous pouvons repartir ! C’est reparti ! La première journée est celle qui a le plus de kilomètres à parcourir mais Nico le pilote est optimiste. Sous les musiques improbables de nos playlists françaises, les paysages boliviens défilent.
Des montagnes à perte de vue, une rivière rouge sang, des roches érodées lunaires, un champ rempli de lamas, des autruches qui prennent la fuite, la découverte du viscache, un petit lapin à la queue en tirebouchon, un village abandonné peuplé de fantômes et notre première lagune. C’est de nuit que nous arrivons juste à temps à l’entrée du parc national du Sud Lipez. Notre premier logement est de l’autre côté. Nous arrivons finalement peu de temps après les autres voitures. On vous l’a dit, Nico est un pilote ! (le Nico Bolivien, hein !).
Quand nous arrivons dans l’hôtel, il fait bien froid. Nous le savions, les nuits dans le sud Lipez sont frisquettes et les hôtels sont plutôt sommaire. Pas de chauffage, à peine de l’électricité jusqu’à 22h. Heureusement nous avons un bon duvet et des couvertures fournies par la maison. En plus nous avons de la chance, au lieu d’être en dortoir nous obtenons une chambre privée. Nous nous retrouvons vite dans la salle commune pour un instant boisson chaude suivi du dîner.
La seconde journée fut certainement la plus belle de l’excursion, entièrement consacrée au Sud Lipez. Nous commençons avec une visite d’une ferme de lama. Ils sont amusants, tous entassés dans leur enclos pour la nuit et très élégants avec leurs pompons accrochés un peu partout.
Ensuite les lagunes commencent à défiler, toutes différentes. Nous serons marqués par la première que nous verrons peuplés de flamants roses. Peu farouches, nous pouvons les approcher et les observer de très près. Ces animaux sont magnifiques, d’autant plus dans un cadre aussi grandiose !
C’est ce jour-là aussi que nous profiterons de sources d’eau chaude particulièrement agréables. Nous devons vous dire qu’à la base nous n’étions pas très motivés ! Nous avions passé la matinée à nous les geler dès que l’on sortait du 4×4, avec un vent glacial à décorner des boeuf… donc une baignade nous rendait sceptique. Aux sources d’eaux chaudes, rien de tout ça, plus de vent et un agréable petit soleil. Avec un peu de courage nous enfilons les maillots et nous nous laissons glisser dans une eau bien chaude, annoncée à 35 degrés. Quel plaisir ! L’eau chaude, le soleil et surtout une vue magnifique sur le Sud Lipez. Devant nous un groupe de vicuña passe tranquillement… L’eau est même trop chaude, nous en sortons régulièrement pour s’y rejeter dedans allègrement. A tout ça il faut ajouter que nous avons eu la chance d’avoir le bassin rien que pour nous !
La route continue à travers ces paysages lunaires et coloré. Sixtine est subjuguée par la lagune verte. Les couleurs sont incroyables, le noir de la roche, le bord blanc de la lagune, les trainées jaunes et rouges sur la montagne.
Une fois de plus nous croisons sans cesse des petits groupes de vicuña et même un renard solitaire. Après un bon déjeuner, nous découvrons le sublime désert de Salvadore Dali, nous nous approchons de geysers et nous nous dirigeons vers le dernier lieu de la journée: la laguna colorada.
Il est un peu tard quand nous arrivons et la couleur est moins flagrante mais nous devinons les reflets rouges de cette magnifique lagune entourée de ses volcans et peuplée de ses flamands roses. Nous croisons même un troupeau de lama. De quoi terminer cette journée en beauté ! Nous ne nous lassons pas de regarder les flamands roses s’envoler, se déplacer sur leurs longues pattes. Notre campement pour la nuit est encore plus sommaire et il fait encore plus froid, mais après une journée pareille on s’endort comme des bébés sous notre tonne de couverture.
Troisième jour, nous remontons vers le Salar d’Uyuni. Une fois de plus les paysages grandioses défilent, montagnes, lagunes, désert… nous sommes sur une autre planète. Nous croisons notamment deux superbes lagunes avec en fond des monts enneigés et à ses pieds nos flamands roses préférés. C’est le dernier jour pour les observer, nous ne les verrons plus par la suite.
Il faut aussi noter la laguna negra, avec son fond jaune et ses taches noires… quelle diversité ! Après un déjeuner au milieu de nulle part, nous nous dirigeons vers le campement pour se poser – et se doucher !!! – avant de repartir pour voir le coucher du soleil sur le Salar d’Uyuni. Le salar a pour vrai nom le salar de Tunupa, une déesse Aymara. C’est sa proximité avec la ville d’Uyuni qui a changé sa dénomination.
« Selon la légende, les volcans de l’Altiplano pouvaient autrefois se déplacer et tenir des conversations. Tunupa était la seule femme volcan de la région. Lorsqu’elle tomba enceinte, les hommes volcans se disputèrent pour être le père du bébé. Finalement, ils dépouillèrent la mère de son enfant et cachèrent ce dernier à Colchani. Leur acte mit les dieux dans une grande colère qui pour les punir, leur retirèrent le droit de bouger et de parler. Tunupa également fut immobilisée et réduite au silence. N’ayant pas su que son bébé se trouvait à Colchani, elle pleura incessamment. Ses larmes recouvrirent la terre aride qui dès lors devint peu à peu blanche et salée, et donna naissance au Salar de Uyuni. »
Il est temps d’aller voir le coucher du soleil. Nous arrivons via une longue route qui s’enfonce dans l’étendue blanche sur une partie du salar qui est encore recouverte d’une fine couche d’eau. Nous avons ainsi devant nous un immense miroir d’eau… et un double coucher de soleil. Les couleurs sont magnifiques ! Pour fêter ça nos guides nous ont préparé un petit apéro. Nous passons un super moment, quoiqu’un peu frisquet ! L’hôtel où nous dormons ce soir à la particularité d’être tout en sel, des briques aux tables de nuit, tout vient du salar !
Le dernier jour, nous nous levons bien tôt, 4h du matin, pour pouvoir observer le soleil se lever sur le salar. C’est parti, nous avons un peu de route avant d’atteindre l’île au cactus, un promontoire tout désigné. « L’île » se trouve au milieu du salar. C’est assez impressionnant de parcourir cette grande étendue blanche de nuit, seulement éclairée par les phares de la voiture… ou pas ! Vu qu’il n’y a pas de routes ni de pistes, notre chauffeur se guide grâce à l’île qu’il ne peut apercevoir qu’avec les phares éteints. Nous arrivons à destination et il fait sacrément froid… ça va être difficile d’attendre le soleil ! Nous commençons à monter en haut de l’île au cactus et attendons frigorifiés les premières lueurs du jour. Imaginez une colline rocheuse au milieu d’une étendue blanche infinie avec plein de grands cactus dessus.
Une fois le soleil levé, un petit déjeuner réconfortant nous attend juste au pied de notre île. De quoi se réchauffer entre un chocolat chaud et des rayons de soleil.
Puis nous prenons la voiture et parcourons le salar, des kilomètres et des kilomètres d’étendue blanche. Le salar est immense, 10 000 km2, et jusqu’à 25 mètres de profondeur de sel par endroit ! Nous avons souvent l’impression d’être sur une banquise au pôle nord ! Nous nous arrêterons évidemment prendre les incontournables photos en perspective. Notre chauffeur et nos deux compatriotes ne manquent pas d’idées ! Nous pourrons ainsi largement observer les fameux hexagones qui se forment à la surface du salar.
Nous passerons aussi sur un des lieux emblématique de la course du Dakar Bolivia. On y trouve notamment un endroit avec plein de drapeaux, dont deux drapeaux bretons !!! L’endroit est assez amusant et très photogénique.
Et voici que notre excursion se termine, nous rejoignons Uyuni et après une courte visite du cimetière de train et un dernier déjeuner ensemble nous disons au revoir à Nicodema et à Maria. Mais pas à nos compatriotes, elles aussi partent pour Sucre ! Devant nous un bus de 4h jusqu’à Potosi puis un autre de 3h30 jusqu’à Sucre, il n’y a pas à dire, nous en aurons fait des kilomètres ces derniers jours.


















































































