A présent nous quittons la côte pour nous enfoncer dans les terres péruviennes et prendre de l’altitude. Arequipa est à 13h de bus d’Ica, un trajet que nous effectuerons de nuit dans la confortable compagnie « Cruz del Sur ». Si le bus est confortable, la route secoue pas mal ! Nous arrivons sans heurt à Arequipa au petit matin.
Arequipa est une très jolie ville située dans une vallée à 2500 mètres d’altitude. Elle est entourée d’une série de volcans endormis, dont le majestueux volcan Misti qui nous rappelle l’Arenal du Costa Rica. Le centre de la ville a beaucoup de cachet. Prospère au XVIe siècle, on observe cette richesse à travers de nombreuses belles façades aux ornements de pierres travaillées. Nous sommes surtout impressionnés par les églises dont les façades sont presque entièrement sculptées dans un style baroquesque que nous n’avons jamais vu ailleurs. Un peu plus néoclassique, la cathédrale n’est pas en reste, s’étalant sur tout le long de la place des Armes. Cette place est le cœur d’Arequipa, les péruviens s’y retrouvent tout autour de la fontaine. Les enfants courent après les pigeons et les bulles de savon.
Nous avons une excursion de prévu: Las Salinas d’Arequipa. Nous partons de bonne heure avec un tour organisé, majoritairement des péruviens et une californienne. Nous commençons par la visite du village de Chiguata et sa jolie église, pour ensuite monter jusqu’à un beau point de vue sur les volcans qui surplombe Arequipa. Ils sont magnifiques avec leurs sommets enneigés. A leur pied, nous admirons les plantations en étage péruvienne. Il est temps de monter à présent sur une longue route en lacet pour atteindre un grand plateau. Une vingtaine de minutes plus tard, la laguna de Las Salinas apparaît sous nos yeux !
Imaginez un immense miroir d’eau bordé d’étendues blanches et, tout autour, des montagnes. La lagune, qui fait près de 6 hectares, est très peu profonde. En saison sèche, l’eau disparaît, laissant une fine couche de sel, d’où son nom Las Salinas. Pendant que nos compagnons de visite font mille et une photos sur le miroir d’eau, nous nous baladons le long de la lagune, ce qui nous permet d’approcher des flamands roses ! Selon Wikipédia, on peut y trouver trois espèces de flamants roses des Andes, atteignant des populations allant jusqu’à 21 000 individus pendant la saison des pluies. Ils représentent ainsi 3% de la population mondiale de flamants roses, 2% de la population mondiale de flamants de James et 0,6% de la population mondiale de flamants des Andes. ça en fait hein du flamand rose ! L’oiseau est emblématique du Pérou, on raconte même qu’il est à l’origine de drapeau péruvien. Selon la légende, le général José de San Martín vit un passage de flamants roses à son arrivée au Pérou en 1820. C’est ce qui le décida à choisir les couleurs rouge, blanc, rouge: comme un flamand rose en vol, un symbole de liberté… Pas incroyable comme explication !
Au bord de la lagune nous observons des petites traces de pattes dans le sel … nous le savons, les alpagas trainent dans le coin ! Sixtine observe les montagnes espérant en trouver un, quand tout d’un coup apparaît un vicuna (vignone en français mais c’est moins joli) ! Un vicuna est une sorte de d’alpaga, en plus fin, de couleur rousse et surtout c’est un animal sauvage. Il a la particularité de courir très vite et d’avoir une laine dont la fibre est parmi les plus fines au monde. Pour la récupérer, les communautés se rassemblent une fois par an et se prenant la main, ils encerclent les vicunas jusqu’à les coincer. Une fois tondus, ils sont relâchés.
Nous continuons l’expédition en longeant la sublime lagune et croisant toutes sortes de lamas, alpagas et vicuna. Nous arrivons enfin aux sources d’eaux chaudes. Nous sommes à 4600 mètres d’altitude et nous avons du mal à parcourir une faible montée, la mal d’altitude se fait ressentir. Nous nous baignons tout de même dans ce petit étang d’eau plus tiède que chaude, ça reste très agréable, même si la sortie est difficile ! C’est la fin de la journée, il ne nous reste plus qu’à rentrer.
Le lendemain nous avons prévu de visiter le célèbre couvent de Santa Catalina d’Arequipa. Il s’agit du plus grand couvent du monde, s’étalant sur deux hectares. Sa particularité est qu’il a conservé son état du XVIe et XVIIe siècle, ce qui en fait un musée à ciel ouvert. Une partie est consacrée à la visite et à la vente d’artisanat des sœurs et une autre est encore habitée par une quinzaine de sœurs.
L’endroit est magnifique et particulièrement photogénique avec ses murs rouges et bleus. Le couvent a été fondé à la fin du XVIe par Doña María de Guzmán, une riche aristocrate. Les filles cadettes de l’aristocratie locale étaient traditionnellement accueillies au couvent. Plus la dote était élevée, plus les conditions d’accueil au couvent étaient aisées. Habituellement les filles arrivaient avec deux à quatre domestiques et profitaient d’une agréable petite maison au cœur du couvent. Il était aussi possible d’entrer au couvent si vous n’aviez pas de moyen, cependant, il fallait travailler en plus de prier et vous étiez évidemment moins bien logé.
La vie du couvent était complètement cloitrée, il n’y avait aucune possibilité de sortir en dehors des murs. Les visites étaient très rares et uniquement à travers une double grille. Quand les novices entraient au couvent, elles étaient mises à part dans un cloître. Elles passaient le plus gros de leur journée dans leur chambre à prier ou à apprendre divers ouvrages avec une sortie dans le cloître par jour. Ça pouvait durer ainsi pendant quatre ans ! C’est le cloître qui nous a le plus marqué, quatre ans ici… ça ressemble un peu à une confortable prison. Il faut cependant imaginer qu’à l’époque, ce cloitre était une option très confortable pour une femme surtout une fois le noviciat dépassé. Le couvent est un lieu épargné des guerres et des épidémies, où l’on vit bien, sans mari imposé. D’ailleurs on y vivait beaucoup trop luxueusement ce qui finit par irriter la papauté qui missionna une sœur plus conservatrice pour réformer le couvent. A son arrivée, c’est la fin des maisons individuelles et un retour à une vie monacale plus classique. Beaucoup de sœurs partiront à ce moment-là.
Nous avons beaucoup aimé la visite du couvent qu’on a pu approfondir grâce à une guide française ! L’alliance française est particulièrement présente à Arequipa ce qui fait qu’on croise des petits clin d’œil de notre beau pays un peu partout dans la ville.








































